Techniques apprises

LE TRIANGLE DE HOUSSAYE

Le triangle pédagogique, représente les trois sommets ou pôles, le savoir, le formateur et l'apprenant. Il modélise les éléments fondamentaux en relation dans l'acte d'enseigner, donnant ainsi une image de la complexité de cette situation. Pour cette raison, les auteurs parlent aussi à son sujet de système didactique ou de triangle logique. Du point de vue formateur, nous parlons de "savoir, formateur et apprenant".

Il est formalisé par Jean Houssaye en 1986.

LES COTES DU TRIANGLE: Les processus

Ses trois côtés représentent ce que Jean Houssaye appelle "un processus" , soit la relation entre deux cotés des trois sommets.

Jean Houssaye au cour de sa thèse en sciences de l'éducation présentée en 1986, fait remarquer que l'acte pédagogique est une relation triangulaire basée sur les trois points suivants:

C'est un triangle pédagogique qui met en relation les trois processus suivants:

Jean Houssaye affirme que, dans cette relation triangulaire, deux points sont privilégiés au détriment du troisième qui, négligé, prend alors la place du mort. Et chaque processus, lorsqu’il est exagéré, prend le risque de voir le mort jouer au fou. 

Le processus Enseigner est exacerbé - La place du mort qui joue au fou : les élèves

Les points formateur et savoir sont privilégiés au détriment des apprenant. 

Le formateur est alors centré sur le cadre didactique, l'organisation, la structuration des cours, le contenu du savoir, sa discipline enseignée, et la méthode pédagogique employée est celle du cours magistral. Le formateur néglige la relation pédagogique avec les apprenants. Une opposition des stagiaires à l’encontre de leur formateur peut apparaître en vue de lui témoigner leur insatisfaction. Des risques de chahut peuvent apparaître.

Le processus Former est exacerbé - La place du mort qui joue au fou : le savoir

Les points formateur et apprenants sont privilégiés au détriment du savoir.

C'est lorsque la relation formateur-apprenants est exacerbée au point de s'engager dans une relation d'échange proche de la séduction qui est favorisée au détriment du savoir. La méthode pédagogique employée est plutôt non-directive et le formateur offre davantage des conseils et une orientation à suivre plus qu’un contenu structuré. Les stagiaires peuvent apprécier les qualités relationnelles de leur formateur néanmoins avoir des difficultés à situer leur apprentissage par rapport au programme et même à comprendre leur cours.

Le processus Apprendre est exacerbé - La place du mort qui joue au fou : le formateur

Les points apprenants et savoirs sont privilégiés au détriment du formateur.

Le formateur limite son activité à essayer de faciliter l’apprentissage des apprenants par eux-mêmes. La méthode pédagogique employée sera plutôt de type constructiviste : l’apprenant devra construire ses propres savoirs. Le plus important est la construction du savoir et non la reproduction du savoir enseigné. Les apprenants peuvent se sentir livrés à eux-mêmes. Ils peuvent même éprouver un sentiment de solitude face au savoir. Ce qui en soi peut poser des problèmes pour la compréhension de certains contenus où la manière de les aborder. Les stagiaires sont pratiquement dans une position d'autoformation tutorée : les stagiaires apprennent par eux-mêmes tout en ayant un formateur référant qui se contente de les orienter dans leurs apprentissages.

Chaque processus du triangle est essentiel à la démarche d'enseignement mais aucun ne doit être employé séparément des autres au risque de créer des dérives  

LA TAXONOMIE DE BLOOM

La taxonomie de Bloom est un classement hiérarchique des étapes importantes du processus d’apprentissage. Il est aujourd’hui utilisé par les formateurs dans le cadre de la formation syndicale, professionnelle et en particulier dans une stratégie d'ingénierie pédagogique. Faisons le point sur ce cadre de classification.

Définition de la taxonomie de Bloom

La taxonomie de Bloom est un classement hiérarchique des étapes importantes du processus d'apprentissage. Elle m'aide à évaluer les niveaux de cognition humaine. Les formateurs l'utilisent habituellement pour guider la création de formations, d'évaluations, de programmes, de méthodes d'enseignement et d'activités pédagogiques. La taxonomie de Bloom est composée de trois parties : cognitif, affectif et psychomoteur.

L'histoire de la taxonomie de Bloom à travers les époque

la taxonomie de Bloom originelle (1956)

En 1956, Benjamin Bloom et ses collaborateurs ont publié la taxonomie de Bloom. Elle a été mise en application par de nombreux enseignants de la maternelle au lycée et par des professeurs d'université dans leurs méthodes d'enseignement. La taxonomie originale comporte six niveaux de classification différents : Connaissance, Compréhension, Application, Analyse, Synthèse et Évaluation. Elle visait à créer un cadre logique pour les objectifs d'enseignement et d'apprentissage afin de faciliter la compréhension de la manière dont les gens acquièrent de nouvelles connaissances. Il faut également garder en tête la hiérarchisation des niveaux de classification. En effet, les trois premiers niveaux (Connaissance, Compréhension, Application) sont considérés comme des niveaux de cognition et d'apprentissage inférieurs, tandis que les niveaux d'Analyse, de Synthèse et d'Évaluation sont considérés comme des compétences de plus haut niveau. 

La taxonomie est souvent représentée sous cette forme pyramidale pour illustrer cette hiérarchisation.

Au fil des années, ce modèle est devenu de plus en plus populaire. Largement enseignée dans les programmes d'éducation aux États-Unis et traduite dans de nombreuses langues, elle est utilisée dans le monde entier.

La taxonomie de Bloom révisée (2001)

En 2001, une équipe de chercheurs dirigée par Lorin Anderson a publié une version révisée de la taxonomie de Bloom. Cette nouvelle version a été conçue pour être plus utile aux éducateurs et répondre plus efficacement à la modernisation des écoles et à des modes d’apprentissage.

Comme vous pouvez le voir dans l’illustration plus haut, trois catégories ont été renommées : “ Connaissance “ est devenu “ Se rappeler “, “ Compréhension “ est devenu “ Comprendre “, et “ Synthèse “ est devenu “ Créer “.

Le sommet de la hiérarchie n'est plus l'évaluation, mais la création qui en devient le nouvel objectif principal, mettant en avant la capacité des apprenants à appliquer leurs connaissances de manière créative.

Les catégories ont également été renommées en verbes pour refléter les actions. 

Les compétences sont organisées de la plus basique à la plus complexe et divisées en deux dimensions, la connaissance et les processus cognitifs.

Cette nouvelle approche facilite la création d'objectifs pédagogiques plus précis et axés sur la performance

Comment utiliser la taxonomie de Bloom en tant que formateur ?

Les formateurs peuvent utiliser la taxonomie de bloom révisée en posant des questions et en créant des évaluations en corrélation avec des objectifs d’apprentissage spécifiques à chaque étape du processus. Ainsi, poser des questions à choix multiples peut aider à évaluer le niveau de compréhension de base d’un élève.

La taxonomie de bloom révisée peut être intégrée aux plans de cours, notamment pour aider les formateurs à évaluer les apprenants qui semblent avoir des besoins particuliers. L’identification des domaines de la taxonomie de Bloom dans lesquels un apprenant a des problèmes peut être d’une aide précieuse pour un formateur qui souhaite adapter un programme à un apprenant pour l’aider à s’améliorer.

Domaine cognitif

La partie cognitive est centrée sur le développement des capacités intellectuelles et des connaissances. Il s'inscrit donc dans la taxonomie de Bloom.

Les apprenants commencent par mémoriser et reconnaître des faits, des schémas et des concepts de base. Cette première étape sert de base pour des apprentissages plus profonds, car elle permet aux étudiants d'acquérir des connaissances de base.

En comprenant l’importance du cognitivisme et en utilisant la taxonomie de Bloom dans leur formation, les éducateurs peuvent concevoir des programmes d'enseignement et des objectifs de formation qui favorisent le développement intellectuel des étudiants, en les guidant à travers ces différents niveaux de compétence.

Tableau des verbes d’actions cognitives

Les verbes d'actions jouent un rôle primordial pour guider les enseignants dans la création d'objectifs d'apprentissage appropriés durant la formation. 

Domaine psychomoteur

Il se focalise sur le développement des aptitudes manuelles et physiques, allant des mouvements de base à des tâches complexes. Il est évalué selon différents critères tels que la vitesse, la précision ou la technicité. 

Les éducateurs peuvent utiliser divers modèles et activités lors de leur formation ou programme de digital learning pour enseigner ces aptitudes, adaptés aux besoins des apprenants, tout en évaluant leur pertinence avant leur utilisation.

Hiérarchisation du domaine psychomoteur

Les aptitudes manuelles et physiques sont hiérarchisées en sept grandes catégories. Cette hiérarchisation de l’activité permet de comprendre le développement des capacités motrices, de la perception initiale à la maîtrise experte :

Hiérarchisation du domaine psychomoteur

Les aptitudes manuelles et physiques sont hiérarchisées en sept grandes catégories. Cette hiérarchisation de l’activité permet de comprendre le développement des capacités motrices, de la perception initiale à la maîtrise experte :

Tableau des verbes d’actions psychomoteurs

Domaine affectif

Il se concentre sur le développement des émotions et des valeurs des apprenants. Cela englobe la capacité à accorder de la valeur à des sujets ou à d'autres individus, ainsi que le développement de motivations et attitudes variées. 

L'évaluation peut se faire par l'observation des comportements, l'écoute active, la participation aux discussions en classe, la résolution de conflits, et la manifestation de valeurs internalisées.

Hiérarchisation de l’affectif

Dans le domaine affectif de la taxonomie de Bloom, les attitudes et les émotions des apprenants sont hiérarchisées en cinq niveaux :

Cette hiérarchisation reflète le développement des attitudes et des motivations des étudiants, allant de la réception passive à l'internalisation active de valeurs.

Tableau des verbes d’actions affectifs

En conclusion, la taxonomie de Bloom reste un outil précieux pour les éducateurs, les étudiants et les établissements éducatifs, offrant une structure solide pour la formation, l'évaluation et le développement des capacités cognitives, psychomotrices et affectives. 

La taxonomie de Bloom offre une structure précieuse pour l'élaboration d'objectifs d'apprentissage et l'évaluation des compétences des étudiants. Les six niveaux du cognitif, du simple rappel à la création, guident les enseignants dans la conception de leurs cours et de leurs évaluations. 

Malgré les critiques et les évolutions dans le secteur de l'éducation, la taxonomie de Bloom reste un outil précieux pour promouvoir une formation approfondie et une évaluation précise des compétences. 

Son utilisation continue de susciter des débats et d'encourager l'innovation dans l'enseignement, contribuant ainsi à l'amélioration constante de la qualité de l'éducation et des nouveaux outils de e-learning.

LA METHODE SMART

Qu'est-ce que la méthode SMART ?

La méthode SMART est une approche d'ingénierie de formation basée sur le principe de se fixer des micro-objectifs, et les atteindre dans un délai prédéfini. Cette expression est un acronyme qui décrit les caractéristiques d’un objectif SMART.

Ces caractéristiques sont :

Elle a été introduite par George T. Doran en 1981, sur la base des travaux de Peter F. Drucker, spécialiste en gestion des entreprises, qui développait le concept de management par objectifs, en 1954. Cette méthode se présente comme un vecteur de motivation pour atteindre un but. En avançant progressivement sur des objectifs simples qu’on se fixe avec le cadre logique servant de fondement essentiel à cette démarche.

Comment définir des objectifs SMART ?

Avant tout, il est important de ne pas confondre les objectifs généraux et spécifiques de la formation, avec les objectifs SMART qu’on veut définir. En effet, les objectifs inhérents au projet définissent les orientations et les résultats attendus du projet. Les objectifs dont je parle portent sur la démarche à suivre pour atteindre celles du projet. Je peux donc les considérer  comme des sous-objectifs de chaque objectif du projet. En général, je définis ces objectifs sur les différentes phases du projet, pour mieux gérer les délais de réalisation de ces phases.

Comment créer des objectifs SMART ?

Pour créer des objectifs SMART (Spécifiques, Mesurables, Atteignables, Réalistes et Temporellement définis) pour une formation, je peux suivre ces étapes :

En suivant ces étapes, je peux formuler des objectifs SMART qui seront plus précis, mesurables, réalisables et alignés sur les besoins de la formation. Cela permettra de clarifier les attentes et de guider efficacement les apprenants vers la réalisation des objectifs du stage.