Je m’appelle Christophe SERGENT, j’ai 56 ans, je suis marié et j’ai deux grands enfants. J’ai terminé mes études en juin 1988 avec un brevet d’études professionnelles (BEP) en chaudronnerie, ainsi que deux certificats d’aptitude professionnelle (CAP) en chaudronnerie et en traçage sur tôle. En octobre 1988, j’ai été appelé sous les drapeaux et j’ai passé une année au centre de sélection de Cambrai, dédié à l’accueil des futurs militaires appelés. Ma mission consistait à accompagner les personnes durant leur court séjour, qui durait trois demi-journées, dans différents lieux pour passer les visites médicales et les tests psychotechniques. En moyenne, les groupes étaient composés de 45 hommes, car le centre de sélection n’accueillait pas de femmes.
Après ma démobilisation en octobre 1989, j’ai signé un contrat à durée indéterminée avec la Société Mécanique Industrielle (SMI), une petite chaudronnerie située près de chez moi dans le Nord. J’y ai travaillé pendant quatre mois avant de réaliser quelques missions en tant qu’intérimaire. J’ai touché à divers domaines, tels que l’installation de fenêtres et de charpentes, ainsi que dans le secteur de la climatisation et du chauffage.
En mai 1990, je suis devenu agent de cuisine à l’hôpital Raymond Poincaré de Garches, mais j’ai quitté ce poste le 13 juin 1990 pour travailler comme intérimaire à l’usine Saint-Gobain Glass France d’Emerchicourt, petit village d’environ 900 habitants, se situant dans le Nord, entre Douai et Valenciennes à environ 50 kilomètres au sud-ouest de Lille. J’ai eu l’opportunité d’intégrer ce grand groupe industriel grâce à mon père, qui y travaille depuis 1964. J’ai commencé en tant qu’agent logistique et préparateur de commandes, puis j’ai changé d’atelier pour devenir évacuateur rompeur sur une ligne de redécoupe de verre appelée Bystronic. Le 1er janvier 1991, j’ai signé un contrat à durée déterminée avec Saint-Gobain, d’une durée de dix mois.
Saint-Gobain Glass France d’Emerchicourt est spécialisée dans la fabrication de verre plat pour le bâtiment. Le processus de fabrication, appelé “float glass”, consiste à couler du verre en fusion sur un bain d’étain, puis, à l’aide de machines-outils, à donner à ce verre l’épaisseur finie souhaitée.
Dans l’entreprise, je n’ai pas uniquement occupé le poste d’agent de production. Dès 1991, j’ai adhéré au syndicat CGT, et en 1993, j’ai intégré les listes des délégués du personnel lors des élections professionnelles.
Depuis, je me suis pleinement investi dans la défense des acquis des salariés, ainsi que dans l’amélioration de leurs conditions de vie et de travail, qui sont constamment remises en question. Ma volonté de rejoindre la CGT n’est pas le fruit du hasard. Sur le site, la CGT a toujours œuvré pour la défense des salariés, de l’emploi et des conditions de travail. C’est un syndicat de terrain, proche des préoccupations des travailleurs.
De plus, dans mon cercle familial, mon grand-père, mon père, mes tantes et mes oncles étaient soit syndiqués, soit élus à la CGT. Je me remémore encore aujourd’hui leurs récits de luttes, de manifestations et de négociations qui égayaient nos repas de famille. Il était donc évident pour moi de me syndiquer à la CGT de mon usine.
À la suite de ma première élection en tant que délégué du personnel en 1993, le secrétaire et le responsable de la formation syndicale de la CGT de mon site m’ont inscrit, avec mon accord, à la formation de premier niveau. Cette formation s’est déroulée en mai dans les locaux de notre Union Locale basée à Douai. Nous étions environ quinze stagiaires, tous des hommes et novices dans le syndicat.
Ensuite, en juin 1995, j’ai suivi une formation de secrétaire général syndical qui s’est tenue dans le centre de formation confédéral CGT de Gif-sur-Yvette. Elle était organisée par la fédération des travailleurs du verre et de la céramique. Pour cette formation, nous étions principalement des hommes du secteur verrier, originaires de différentes régions et départements métropolitains, occupant diverses fonctions, plus ou moins élevées, au sein de nos syndicats respectifs.
En mars 1996, notre fédération a organisé une formation sur la commission d’hygiène, de sécurité et des conditions de travail (CHSCT), délocalisée à Cuffies, près de Noyon dans l’Oise. Ce site n’avait pas été choisi au hasard, car une usine verrière, une bouteillerie plus exactement, s’y trouve.
Que dire de ces formations ? Je n’en garde pas un très bon souvenir. La méthode pédagogique n’était pas à la hauteur à cette époque. Les formateurs proposaient des cours magistraux, avec une lecture intensive de textes de loi et de statuts syndicaux. Il y avait très peu d’exercices ou de mises en situation. Pour ma part, je n’ai pas retenu grand-chose de ces formations. Mon travail sur le terrain s’est finalement révélé plus bénéfique.
Avec le recul, je constate que la formation syndicale de l’époque ne prenait pas en compte les attentes des stagiaires. Le syndicat avait un message à transmettre, sans se soucier des retours. Heureusement, il n’y a pas que des points négatifs. Les moments que je chéris le plus sont ceux des grands débats, suivis de rires au coin de la convivialité à Courcelles. Malgré ces expériences peu satisfaisantes dans les salles de formation, et ce, mandat après mandat, élection après élection, mon rôle et mon implication syndicale n’ont cessé de croître.
NOUVELLES ÉLECTIONS, NOUVEAUX MANDATS, NOUVELLES RENCONTRES, NOUVELLES FONCTIONS
Depuis 2017, avec mon élection à la Commission exécutive fédérale CGT des travailleurs du verre et de la céramique (FNTVC), j’ai également eu l’occasion de faire de nouvelles rencontres grâce à cette fonction syndicale, dans laquelle j’ai trouvé un moyen de m’épanouir pleinement sur le plan professionnel et syndical.
À la suite de ce changement, j’ai eu la possibilité de suivre le cursus de formateur syndical CGT. Les arguments de Gaëtan Griffon, que j’ai rencontré après mon élection et qui était à l’époque administrateur et responsable de la formation syndicale de notre fédération, m’ont convaincu. C’est donc avec un grand enthousiasme qu’après deux années de formation, mon parcours de formateur syndical CGT a été validé.
Mon cursus de formation a débuté par la formation de formateur. Ce stage s’est déroulé du 3 au 7 février 2020 au centre de formation syndicale CGT « Benoit Frachon » à Courcelles-sur-Yvette.
Il était organisé par le Pôle formation de la confédération CGT. Nous étions 12 stagiaires, venus de différentes régions de France, occupant diverses fonctions syndicales. Certains étaient secrétaires syndicaux, d’autres membres de leur Union Locale, et même responsables de la formation. Quelques-uns avaient déjà animé ou participé à des formations locales. Pour ma part, j’étais novice dans cet exercice, n’ayant jamais assuré de formation en tant que formateur.
Dès le premier jour de cette formation, j’ai compris qu’il s’agissait de la meilleure formation que j’aurais suivie depuis le début de mon engagement syndical. L’accueil du formateur, qui avait pris contact avec tous les stagiaires la veille de la formation en nous envoyant un message de présentation, nous souhaitant un bon voyage et indiquant l’heure de début, m’a fait réaliser que les méthodes de formation, ainsi que les formateurs, avaient évolué.
Durant cette semaine, la pédagogie active m’a donné le sentiment de ne jamais m’ennuyer, bien au contraire. Fini les lectures interminables, fini les cours magistraux. Ce que je retiens de cette formation est exclusivement positif. J’ai appris à lire et à comprendre le déroulé pédagogique d’une formation CGT, à préparer une intervention, et à intégrer quelques petits brise-glaces après la pause déjeuner, par exemple. J’ai également découvert les mots à éviter dans une formation, comme ne jamais dire à un stagiaire qu’il n’a pas donné la bonne réponse, ainsi que la posture à adopter devant les stagiaires.
La journée que j’ai le plus appréciée durant cette semaine fut celle du mercredi, le jour des mises en situation. Pendant toute la journée, nous avons travaillé en binôme. Nous devions préparer une intervention sur une séquence, un moment ou un thème du déroulé pédagogique d’une formation choisie par le formateur. Savoir comment respecter ce déroulé, quels documents ou diapositives intégrer, tout cela a rendu cet exercice particulièrement enrichissant.
Un autre point positif est que la restitution de l’exercice s’est faite devant les autres stagiaires, qui furent les premiers à apporter leurs remarques sur le travail fourni, avant même les formateurs. Quel plaisir de voir tous les stagiaires s’entraider, discuter et débattre, même après les cours ! À ce moment-là, je me suis dit : « C’est décidé, c’est ce que je veux faire : former les autres militants à des fonctions syndicales. »
Afin de ne pas m’arrêter là, et en accord avec le responsable de la formation syndicale de la fédération, je poursuis mon cursus de formateur. J’ai ainsi la chance de suivre les stages “Élaborer une action de formation CGT” et “Élaborer une action de formation”.
La première formation s’est déroulée du 12 au 16 octobre 2020 au Centre de formation syndicale CGT « Benoit Frachon » à Courcelles-sur-Yvette. Le second stage, organisé du 8 au 11 décembre 2020 par l’Institut des Sciences Sociales et du Travail de l’université Paris 1 Panthéon-Sorbonne (ISST), s’est tenu pour la première fois entièrement en visioconférence en raison du confinement lié à la pandémie de la Covid. Cette expérience de formation à distance n’a pas été, pour moi, ni pour les autres stagiaires ou les formateurs, la meilleure que j’ai suivie. En aucun cas les thèmes abordés ne sont remis en question dans mes écrits. Le principal problème que nous avons tous rencontré était d’ordre technique. La France était en deuxième confinement et nous suivions cette formation à distance avec des personnes qui n’étaient pas encore habituées à travailler dans ces conditions.
Revenons à la première formation mentionnée dans ce paragraphe : “Élaborer une action de formation CGT”. Ce stage avait une durée de cinq jours.
Nous étions 12 stagiaires issus de divers secteurs professionnels, tant publics que privés. La formation était animée par Christian Angele et Wolf Jacklein, tous deux membres du Pôle formation syndicale CGT. L’objectif de cette formation était : “À l’issue de cette formation, vous serez équipés pour élaborer une action de formation CGT.”
Les thèmes abordés sont :
la formation syndicale CGT,
les acteurs et actrices qui s'y impliquent,
l'analyse de la commande et des besoins de formation,
la fiche d'analyse préalable,
le découpage thématique,
le découpage pédagogique
la fiche descriptive du stage,
les expérimentations, les ajustements et la mutualisation.
Les prérequis à cette formation :
Les évaluations prévues :
Ces deux formations m’ont permis de découvrir les méthodes de construction d’une action de formation grâce à l’utilisation d’outils tels que la fiche descriptive de la commande, qui contient les questions que le concepteur doit poser au commanditaire, ainsi que la définition du contexte de la demande, les conditions de réussite, les pièges à éviter et la manière dont la formation se déroulera.
Des questions se posent également concernant l’architecture globale et les modalités pédagogiques de la formation, comme ce qu’il faut prévoir avant et après celle-ci, ainsi que la durée et le rythme du stage. La formation se déroulera-t-elle en présentiel ou à distance ? Je dois également connaître le public cible pour la formation. Qui seront les participants ? Que connaissent-ils déjà sur le sujet et quels sont leurs savoirs et savoir-faire préalables ?
J’ai aussi appris à définir les objectifs opérationnels et pédagogiques. Pour chaque module, quels sont les objectifs opérationnels attendus ? Autrement dit, quels seront les résultats concrets à la suite de la formation ? Un objectif opérationnel vise des résultats spécifiques et mesurables en milieu de travail. Il décrit des actions précises que l’apprenant doit être capable de réaliser en situation réelle. Un objectif pédagogique, quant à lui, est une déclaration claire et précise qui précise ce que l’apprenant doit être capable de faire à la fin d’une activité de formation.
Dans la conception d’une formation, je dois également définir l’objectif global de la formation (OPG), qui doit commencer par : “À l’issue de la formation, les stagiaires seront en capacité de…”. De plus, je dois définir les objectifs pédagogiques partiels (OPP), en introduisant chaque thème ou séquence par une phrase comme : “À l’issue du thème ou de la séquence, les stagiaires seront capables de…”.
Objectif par objectif, je détermine quels éléments de contenu précis, en intégrant des outils et des méthodes de travail, tels que le travail de groupe, le travail individuel, la lecture, un diaporama, etc., sont nécessaires pour atteindre l’objectif souhaité.
Pour m’aider, je me pose la question suivante : si, au lieu du temps initial prévu, j’avais 30 % de temps en moins, quels sont les éléments essentiels que les stagiaires doivent acquérir pour atteindre l’objectif ?
Pour chaque objectif pédagogique, j’envisage une modalité d’évaluation des acquis. Je pense qu’il est vraiment intéressant qu’à la fin de la formation, ou à la fin de chaque thème et séquence, les stagiaires soient capables de mesurer s’ils ont atteint les objectifs en répondant de manière appropriée à une ou plusieurs questions, ou en réalisant un exercice qui reproduit, même partiellement, une activité qu’ils auront à effectuer dans leur syndicat. Pour cela, je peux utiliser des questions fermées, ouvertes, un QCM, un texte à trous, un schéma à compléter, une mini étude de cas, ou des mises en situation, entre autres.
Je dois élaborer la progression pédagogique, qui consiste à assembler les différents objectifs pédagogiques selon le principe de progression. Cette élaboration et la décomposition de la progression en différentes étapes permettent de choisir plus facilement une démarche pédagogique pertinente pour chaque objectif, tout en diversifiant le processus d’apprentissage. Trois points sont fondamentaux dans cette construction pour assurer un cheminement rigoureux et logique :
Plusieurs logiques sont possibles :
Concevoir l'escalier pédagogique de la formation, c'est savoir par quoi commencer et comment hiérarchiser les objectifs.
Cette formation est, pour moi, complémentaire et indispensable pour devenir formateur. Connaître les rouages de l’élaboration d’un stage est essentiel ; c’est un aspect important lorsque je prépare une intervention ou une animation. Je comprends pourquoi tel thème est abordé à tel moment de la formation. Il m’est arrivé d’animer une formation en binôme et de constater qu’à la suite d’une accumulation de petits débats, souvent sans lien avec le contenu initialement prévu, le retard sur le programme s’accumule et s’aggrave. Combien de fois les formateurs doivent-ils faire l’impasse sur certains moments ou séquences pour rattraper ce retard ? En tant que formateur responsable, je dois toujours garder à l’esprit que je suis engagé dans une pédagogie active et orientée vers la réussite. Si un moment ou une séquence fait partie intégrante de la formation, c’est que les concepteurs ont jugé qu’ils étaient importants dans le déroulé pédagogique.
Suite à ce parcours, j’ai suivi celui d’Euroformateur proposé par l’European Trade Union Institute de Bruxelles(ETUI).
Mon cursus m’a permis d’acquérir des méthodologies de conception et d’animation de formations, notamment dans le cadre de formations multiculturelles. Toutes les sessions réalisées dans divers pays européens ont contribué à la préparation et à l’animation de la formation de formateur que j’ai animée en mai 2025 sur l’île de La Réunion, dont je fais la description dans ma troisième expérience.
Depuis, je travaille sur la création ou la mise à jour de plusieurs formations, telles que « la continuité syndicale » ou « la syndicalisation des retraités », ainsi que « la place revendicative dans la Responsabilité Sociétale des Entreprises (RSE) ». J’interviens et anime des formations pour les « délégués syndicaux », le « Comité Social et Économique (CSE) » et la « Commission Santé, Sécurité et Conditions de Travail (CSSCT) », programmées par la Fédération CGT des travailleurs du verre et de la céramique ou l’Union locale CGT de Douai (Nord).
J’intègre les nouvelles connaissances acquises durant ces différentes formations dans mon travail syndical au niveau de mon site. Grâce à l’intégration de méthodes de travail formatrices, je prépare beaucoup mieux mes diverses interventions auprès de mes directions locales et nationales. Une bonne préparation est un atout précieux pour la négociation.
Mon portfolio détaille trois expériences sur un thème ou un moment précis de formations que j’ai construites ou animées, ainsi que des remarques sur l’apport de connaissances aux apprenants et mes réflexions sur les méthodes employées lors de ces formations.
Ces méthodes sont-elles toutes adaptées au public et à la situation actuelle ? Sinon, comment les adapter rapidement ?
Mon portfolio comporte trois expériences d’activités que j’ai animées lors de formations syndicales :
Merci et bonne découverte.