Je m’appelle Christophe Sergent, j’ai 55 ans, je suis marié et père de deux grands enfants. Je travaille comme agent de production chez Saint-Gobain Glass France, à l’usine d’Émerchicourt dans le Nord (59) depuis 1991. Mon entreprise est spécialisée dans la fabrication de verre plat pour le bâtiment, et le processus de fabrication que nous utilisons est le « float glass ». Ce procédé consiste à couler du verre en fusion sur un bain d’étain, puis, à l’aide de machines-outils, nous lui donnons l’épaisseur finie souhaitée.
Dans mon entreprise, je n’exerce pas uniquement la fonction d’agent de production. Dès 1991, j’ai adhéré au syndicat CGT, et en 1993, j’ai été élu délégué du personnel lors des élections professionnelles. Depuis lors, je me suis investi dans la défense des acquis des salariés, ainsi que dans l’amélioration de leurs conditions de vie et de travail, souvent remises en question. Mon engagement au sein de la CGT n’est pas le fruit du hasard. Sur notre site, la CGT a toujours œuvré pour défendre les droits des salariés, l’emploi et les conditions de travail. C’est un syndicat de terrain, proche des préoccupations des travailleurs.
De plus, dans ma famille, mon grand-père, mon père, mes tantes et mes oncles étaient soit syndiqués, soit élus à la CGT. Je me remémore encore aujourd’hui leurs récits de luttes, de manifestations et de négociations qui égayaient nos repas de famille. Il était donc évident pour moi de rejoindre la CGT de mon usine.
Après ma première élection en tant que délégué du personnel en 1993, le secrétaire et le responsable de la formation syndicale de la CGT de mon site m’ont inscrit, avec mon accord, à une formation de premier niveau. Cette formation s’est déroulée en mai dans les locaux de notre Union Locale à Douai. Nous étions environ quinze stagiaires, tous masculins et novices dans le syndicat.
En juin 1995, j’ai suivi une formation de secrétaire général syndical au centre de formation confédéral CGT de Gif-sur-Yvette, organisée par la fédération des travailleurs du verre et de la céramique. Nous étions principalement des hommes du secteur verrier, venant de différentes régions et départements métropolitains, occupant diverses fonctions au sein de nos syndicats respectifs.
En mars 1996, notre fédération a organisé une formation sur la commission d’hygiène, de sécurité et des conditions de travail (CHSCT), délocalisée à Cuffies, près de Noyon dans l’Oise. Ce site n’avait pas été choisi au hasard, car il abrite une usine verrière, une bouteillerie en l’occurrence.
Que dire de ces formations ? Je n’en garde pas un très bon souvenir. La méthode pédagogique de l’époque laissait à désirer. Les formateurs se contentaient de cours magistraux, avec une quantité importante de lecture de textes de loi et de statuts syndicaux. Il y avait très peu d’exercices pratiques ou de mises en situation. Pour ma part, je n’ai pas retenu grand-chose à l’issue de ces formations. Mon travail de terrain s’est finalement avéré plus bénéfique.
Malgré des expériences formatrices parfois décevantes, mon engagement et mes responsabilités syndicales n'ont cessé de se renforcer, au fil des mandats et des élections.
*NOUVELLES ÉLECTIONS, NOUVEAUX MANDATS, NOUVELLES RENCONTRES, NOUVELLES FONCTIONS**
Depuis 2017, suite à mon élection à la commission exécutive fédérale CGT des travailleurs du verre et de la céramique (FNTVC), ainsi qu'à de nouvelles rencontres enrichissantes, j'ai trouvé un véritable épanouissement dans ma vie syndicale et professionnelle. Ce changement m'a permis de suivre le cursus de formateur syndical CGT. Les arguments de Gaëtan Griffon, que j'ai rencontré après mon élection et qui était alors administrateur et responsable de la formation syndicale de notre fédération, m'ont particulièrement convaincu. C'est avec un grand enthousiasme que, après deux ans de formation, mon parcours de formateur syndical CGT a été validé.
Mon cursus de formation a débuté par un stage de formateur, qui s'est déroulé du 3 au 7 février 2020 au centre de formation syndicale CGT « Benoît Frachon » de Courcelles-sur-Yvette. Organisé par le pôle formation de la confédération CGT, ce stage a rassemblé 12 stagiaires venus de différentes régions de France, chacun occupant des fonctions syndicales variées. Certains étaient secrétaires syndicaux, d'autres membres de leurs unions locales, et certains étaient même responsables de la formation. Pour ma part, j'étais novice dans cet exercice, n'ayant jamais animé de formation auparavant.
Dès le premier jour de formation, j'ai compris que cette expérience serait la meilleure que j'aurais suivie depuis le début de mon engagement syndical. L'accueil du formateur, qui avait pris le soin de contacter tous les stagiaires la veille du stage par un message téléphonique de présentation, en nous souhaitant un bon voyage et en précisant l'heure de début de la formation, m'a fait réaliser que les méthodes de formation et les formateurs avaient évolué.
Au cours de cette semaine, la formation active ne m'a jamais laissé le sentiment de m'ennuyer, bien au contraire. Fini les heures de lectures interminables et les cours magistraux. Tout ce que j'ai retenu de cette formation est positif. J'ai appris à lire et à comprendre le déroulé pédagogique d'une formation, à préparer une intervention, à intégrer des brise-glaces après les pauses repas, et à éviter certains mots interdits, comme dire à un stagiaire que ce n'est pas la bonne réponse. J'ai également compris quelle posture adopter devant les stagiaires, et bien d'autres éléments essentiels.
Le jour que j'ai le plus apprécié durant cette semaine a été le mercredi, consacré aux mises en situation. Nous avons travaillé en binôme sur une séquence, un moment ou un thème du déroulé pédagogique choisi par le formateur. Préparer cette intervention, respecter le déroulé pédagogique et intégrer les documents ou diapositives nécessaires ont fait de cet exercice un moment que j'ai particulièrement apprécié.
Un autre point positif a été la restitution de l'exercice devant les autres stagiaires, qui ont été les premiers à apporter leurs remarques sur le travail fourni, avant même les formateurs. Quel enchantement de voir tous les stagiaires s'entraider, discuter et débattre, même après les cours. C'est à ce moment-là que je me suis dit : « C’est décidé, c'est ce que je veux faire ». Former les autres militants à des fonctions syndicales est devenu ma vocation.
Cette expérience de formation à distance n'a pas été, pour moi, ni probablement pour les autres stagiaires ou les formateurs, la plus satisfaisante. En aucun cas les thèmes abordés ne sont remis en cause dans mes propos. Le principal problème rencontré était d'ordre technique. Je rappelle que la France était à nouveau confinée, et que nous suivions cette formation à distance, ce qui constituait une nouveauté pour bon nombre d'entre nous.
Revenons à la première formation mentionnée, "Élaborer une action de formation CGT". Ce stage de 5 jours s'est tenu en octobre 2020 à Courcelles-sur-Yvette. Nous étions 12 stagiaires issus de différents secteurs, tant publics que privés. La formation était animée par Christian Angele et Wolf Jacklein, tous deux membres du pôle formation syndicale CGT. L'objectif de ce stage était clair : à l'issue, nous serions outillés pour concevoir une action de formation CGT.
Les thèmes abordés sont:
Les étapes de construction de construction d'une action de formation:
la formation syndicale CGT,
les acteurs et actrices qui s'y impliquent,
L'analyse préalable à la construction
l'analyse de la commande et des besoins de formation,
la fiche d'analyse préalable,
La conception de l'action de formation
le découpage thématique,
le découpage pédagogique
la fiche descriptive du stage,
les expérimentations, les ajustements et la mutualisation.
Les prérequis à cette formation:
Les stagiaires devront déjà avoir suivi la formation syndicale générale de niveau 1(tronc commun) et le stage formation de formateurs. Ils doivent avoir une expérience de formateur.
Les évaluations prévues:
Évaluations formatives en cours de stage à l'occasion d'exercices,
un cas pratique sera proposé pour mettre en application les différents outils présentés dans la formation,
Évaluations estimatives de fin de journée et de fin de formation.
Ces deux formations m'ont permis d'acquérir les méthodes efficaces pour concevoir une action de formation, notamment grâce à l'utilisation d'outils comme la fiche descriptive de la commande. Celle-ci inclut des questions essentielles que le concepteur doit poser au commanditaire : Quel est le contexte de la demande ? Quelles sont les conditions de réussite ? Quels sont les pièges à éviter ? Comment se déroulera la formation ?
Des questions se posent également sur l'architecture globale et les modalités pédagogiques de la formation : que faut-il prévoir avant et après la formation ? Quelle sera la durée et le rythme de ce stage ? La formation se tiendra-t-elle en présentiel ou à distance ? Il est également crucial de bien connaître le public visé : qui seront les participants ? Que savent-ils déjà sur le sujet ? Quels sont leurs savoirs et savoir-faire ?
J'ai appris à définir les objectifs opérationnels et pédagogiques pour chaque module. Quels résultats concrets attendons-nous à l'issue de la formation ? Quels seront les objectifs opérationnels pour chaque étape ?
Je dois aussi définir l'objectif global de la formation (OPG) avec en introduction de la formation la phrase commençant par: " A l'issue de la formation, les stagiaires seront en capacité de, ......). Mais je dois aussi définir les objectifs pédagogiques partiels (OPP) avec en introduction de chaque thèmes et séquences une phase commençant par: " A l'issue du thème ou de la séquence, les stagiaires seront capables de .......).
Objectif par objectif, je détermine quels éléments de contenu précis je dois faire passer pour atteindre l'objectif.
pour m'aider, je me pose la question: Si au lieu du temps initial prévu, j'aurais 30% du temps en moins, quel serait l'important à faire passer? Pour chaque objectif pédagogique, j'imagine une modalité d'évaluation des acquis. Je pense que c'est vraiment intéressant qu'à la fin de la formation ou à la fin de chaque thème et de séquence les stagiaires répondent de façon appropriée à telle ou telle question, ou sachent faire tel ou tel exercice. Pour cela je peux utiliser des questions fermées, ouverts, un QCM;, un texte à trous, un schéma à compléter, une mini étude de cas, une mise en situation ....
Je dois élaborer la progression pédagogique qui consiste à assembler les différents objectifs pédagogiques selon le principe de progression. L'élaboration de la progression pédagogique et sa décomposition en différents passages obligés permettent plus facilement de choisir une démarche pédagogique pertinente par objectifs et en même temps de diversifier le processus d'apprentissage. trois points sont fondamentaux dans sa construction pour tenir compte d'un cheminement rigoureux et logique.
Chacune des marches le constituant correspond à une étapequi a son importance dans la progression pédagogique. Elle ne doit donc pas être remplacée et doit au contraire être considérée comme fondamentale pour la suite du processus,
Chaque étape constituent un passage obligé qu'il convient de contrôler avant de progresser davantage: une évaluation intermédiaire à chaque étape doit donc être effectuée de manière permanente pour s'assurer de l'acquisition progressives des connaissances,
A chaque étape est associé un objectif qui corresponde aux prérequis des stagiaires: cet objectif doit donc être réaliste et pertinent, cohérent par rapport au prérequis.
Plusieurs logique sont possibles:
Du plus connu au moins connu
Du plus simple au plus complexe
Du concret au plus abstrait, ou inversement
Du général au particulier, ou inversement
Du plus fréquent au plus rare
Dans l'ordre où les actions doivent être menées
Concevoir l'escalier pédagogique de la formation, c'est savoir par quoi commencer et comment hiérarchiser les objectifs.
Quelles méthodes ai-je utilisé durant cette formation? Je commencerais par vous parler du triangle pédagogique ou encore appelé le triangle d'Houssaye.
Suite à ce parcours, j’ai suivi celui d’euro formateur proposé par l’European Trade Union Institute de Bruxelles (ETUI). Là encore, ce cursus m’a permis d’acquérir des méthodologies de conceptions et d’animations de formations dans des domaines multiculturels.
Depuis, je travaille sur la création ou la mise à jour de quelques formations telles que « la continuité syndicale ou la syndicalisation des retraités » ou encore « la place revendicative dans la Responsabilité Sociétale des Entreprises (RSE) ». J’interviens et anime des formations de « délégués syndicaux » « Comité Sociale et Economique (CSE) » et « Commission Santé, Sécurité et Conditions de Travail (CSSCT) » programmées par la Fédération CGT des travailleurs du verre et de la céramique ou l’Union local CGT de Douai (Nord).
J’investis mes nouvelles connaissances acquises durant ces différentes formations dans mon travail syndical au niveau de mon site. Avec l’intégration de méthodes de travail formatrices, je prépare beaucoup mieux mes diverses interventions auprès de mes directions locales et nationales. Une bonne préparation est un bon atout pour négocier.
Mon portefolio, détaille trois expériences sur un thème ou un moment précis de formations que j’ai construites ou animées, ainsi que des remarques sur l’apport de connaissances aux apprenants, de même que mes réflexions sur les méthodes employées au moment de ces formations.
Ces méthodes sont-elles toutes adaptées au public et à la situation du moment présent ? Sinon, comment les adapter rapidement.
Merci et bonne découverte.